Interview de Sylvain Gondinet, acousticien gérant d’Acouwave

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Interview de Sylvain Gondinet, acousticien gérant d’Acouwave

Catégorie : Non classé

Qui es-tu ?

Je suis Sylvain Gondinet, gérant d’Acouwave, entreprise spécialisée dans les études acoustiques.

Mon entreprise est basée entre Lyon et Saint-Etienne. Je l’ai créée à la fin de l’année 2017.

Pourquoi Acouwave ?

C’est tout simple, la question s’est posée lors de l’achat de mon nom de domaine. Si l’on décompose le mot « AcouWave », on comprend que c’est la contraction de 2 mots :

  • « Acou » pour acoustique
  • Et « Wave » pour les ondes

Quel est ton parcours ?

Je suis originaire de Mantes-la-Jolie en région Parisienne. J’ai effectué toute mon enfance là-bas.

Plus jeune, je me débrouillais plutôt bien à l’école. J’aimais beaucoup les mathématiques. Ayant des parents ingénieurs et de bons résultats, je me suis orienté vers une prépa « Math Sup » avec une spécialisation en Mathématiques et en Physiques. J’ai effectué cette formation au Lycée Carnot à Dijon.

Par la suite, je suis parti à l’école des Mines de Saint-Etienne pour mon BAC +3. Je suis resté sur une école généraliste. J’ai opté pour cette école car c’était la mieux classée parmi lesquels j’étais accepté. Là-bas, j’ai effectué une formation très large « d’Ingénieur Civil des Mines » en choisissant l’option « Énergie » et « Mécanique des fluides » en 2ère année (BAC+4). J’ai également choisi d’autres options comme « Nucléaire », « Mécanique Quantique », « Micro-électronique » et « Traitement du signal ».

Sylvain Gondinet, gérant d'acouwave

Comment t’es-tu lancé dans l’acoustique ?

C’est un mélange de plusieurs choses :

  1. J’aimais les mathématiques
  2. J’aimais la musique
  3. J’ai eu des opportunités

Plus concrètement, pendant ma 2ème année à Saint-Etienne, j’ai été bénévole dans une Maison des Jeunes et de la Culture (MJC). J’ai eu vent du besoin car le gardien de ma résidence étudiante, avec lequel j’étais ami, était lui-même ami avec le gérant de la MJC. Cette expérience m’a permis de découvrir plus en détails le métier « d’ingé son » et cela m’a beaucoup plu. Tellement que j’ai continué l’année suivante en effectuant un service civique pour cette même MJC. Cela me prenait entre 10 et 15h par semaine. J’ai vu passer beaucoup de boites de production et d’ingénieur du son en travaillant pour la MJC ce qui m’a permis de me créer des contacts. Chose importante ce milieu fonctionne beaucoup par réseaux.

Pendant ma dernière année d’études, j’ai également eu un mémoire à faire. Celui-ci portait sur un projet de simulation acoustique pour une SMAC à Saint-Etienne (« le Fil ») pouvant accueillir 1500 personnes. Ceci m’a permis de me familiariser encore plus avec les logiciels acoustiques.

A la fin de mes études, j’ai directement créé ma microentreprise. En parallèle, j’ai également travaillé pour une boite de prestation pendant 2 ans afin de développer mon réseau. De plus, j’ai accompagné le groupe « Let’s Goldman », un groupe chantant des reprises de Goldman, pendant cette même période.

Que fais-tu ? En quoi consiste, concrètement, ton travail ? As-tu une journée type ?

Sylvain Gondinet au travail

Je n’ai pas vraiment de journée type. Je dirais que j’ai 2 types de journées :

  1. Tout ce qui va être du travail de bureau : calculs et études acoustiques (analyse de plans, export et analyse de résultats), relations commerciales et prospections
  2. Tout ce qui va être du travail de terrain : déplacements, prises de mesures acoustiques sur site, session studio (enregistrement de musique, arrangements, prendre un café, …)

De même, en plus d’une prestation acoustique, je fais beaucoup d’accompagnements sur le reste du matériel (enceintes, câbles, …).

Je fais également quelques activités de développement commercial comme des réunions hebdomadaires au BNI, des écoutes en magasins hi-fi ou des salons professionnels.

Avec qui travailles-tu ?

Je peux diviser mon activité en trois :

  1. Le tertiaire (architectes, agenceurs, économistes de la construction, …)
  2. L’audio pro (studio/salle de spectacle)
  3. La hi-fi (auditoriums)

Je travaille beaucoup dans le monde de la musique avec la création de studios professionnels et du travail de régie. Aujourd’hui, ça représente près de 75% de mon activité.

Pour la création de studio, ce sont souvent des projets sur le long terme qui durent une année complète. A titre indicatif, cette année, je devrais faire entre 6 et 10 studios.

Mon métier est très intéressant. Je suis parfois en contact avec des ingénieurs du son d’artistes prestigieux comme Vald ou Vianney.

Mon objectif est, principalement, de développer mon activité sur le tertiaire.

Quelle est ta vision du marché ?

Généraliste

Concernant l’acoustique de façon générale, c’est un marché de niche qui a peu évolué ces dernières années. Pour preuve de cet état de fait, l’équation de sabine est toujours très utilisée aujourd’hui.

Il y a également un phénomène assez nouveau, on comprend davantage les dangers du bruit et on essaie de s’en prémunir plus qu’il y a plusieurs décennies.

Par exemple, nos grands-parents menuisiers, dont la scie circulaire tournait 8h par jour, sont beaucoup à être sourds aujourd’hui.

L’apparition des protections auditives est un phénomène qui s’est développé auprès des générations suivantes.

De même, ce n’est que depuis les années 2000 que l’on conseille de mettre des bouchons d’oreilles en concert. Or, le volume n’était pas moins fort avant.

Enfin, une étude du Conseil National du Bruit (CNB) a mis en avant les différents dangers du bruit. Cette étude a permis de mieux faire comprendre l’intérêt de l’acoustique auprès des pouvoirs publics, voire du grand public.

Audio-Pro

Concernant les besoins pour les studios d’enregistrement, le marché a pas mal évolué.

Aujourd’hui, tout le monde veut faire son studio.

Les budgets pour enregistrer de la musique électronique et urbaine sont moindres que pour d’autres styles de musiques où la « musique live » est primordiale.

A titre d’idée, il y a quelques années enregistrer dans un grand studio coûtait entre 1500 et 2000€ la journée. Aujourd’hui, c’est plutôt 300€ maximum en province et 500€ à Paris.

Pour construire son studio d’enregistrement pour du rap, à partir de 3000€, on peut avoir quelque chose de correct qui peut passer en radio.

L’évolution du style de musique a donc eu un impact conséquent sur le marché.

De même, aujourd’hui beaucoup d’artistes créent leur label car ces coûts ont baissé. Contrairement à avant, beaucoup plus d’artistes sont en mesure d’assumer ces coûts de production sans passer par un « major » (Universal, Sony ou Warner). Il faut savoir que sur l’ensemble de ses revenus sur les ventes d’album, un artiste ne va garder qu’environ 10%, le reste allant à sa maison de disques.

Tertiaire

Concernant l’acoustique plus tertiaire, l’acousticien a parfois eu la vision d’un mathématicien peu compréhensible par ses interlocuteurs.

L’approche très scolaire des bureaux d’études complexifie le métier. Tout ça pour que, in fine, la notice DCE soit très peu suivie par le maître d’œuvre.

De même, l’acoustique est un peu sacrifiée par la plupart des architectes qui se concentrent sur les contraintes structurelles.

Aujourd’hui, c’est primordial de simplifier le métier d’acousticien pour le rendre abordable à ses clients.

Hi-fi

Concernant la hi-fi, beaucoup d’auditoriums ne place pas l’acoustique au centre de leurs préoccupations. Beaucoup de pièces ont du mal à être adaptées à l’écoute (pièce carré notamment). De même, la plupart des pièces sont non dédiées et l’esthétique est importante d’où la difficulté de parvenir à une qualité sonore sans compromis.

C’est donc un vrai challenge d’optimiser un système, c’est ce qui rend cela vraiment passionnant. On touche à de nombreuses expertises. En raison de ces différentes contraintes, il y a donc encore pas mal à faire sur ce marché.

Qu’est-ce qui te passionne dans ton travail ?

Je suis passionné par le fait d’appliquer des connaissances scientifiques à la musique, un domaine que j’affectionne.

J’aime également me mettre à la place de mon client afin de répondre à ses contraintes et enjeux.

Un mot pour conclure ?

C’est vraiment chouette d’exercer dans ce domaine. On touche au bien-être et aux divertissements avec le côté fidélité dans la musique et la réduction du bruit dans le tertiaire. C’est une vraie fierté et je suis très heureux de m’être orienté dans cette voie.

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